Hymne national Cinq musiciens révèlent leur attachement à l'hymne national

L'hymne national du Luxembourg s'appelle Ons Heemecht (Notre Patrie). Il est basé sur un poème du même nom, écrit en 1859 par Michel Lentz, qui a capturé l'essence des paysages et des habitants du jeune pays en 4 strophes, dont la première et la dernière ont été choisies pour devenir l'hymne national.

"Wou d'Uelzecht durech d'Wisen zéit, Duerch d'Fielsen d’Sauer brëcht." (Où l'Alzette arrose champs et prés, La Sûre baigne les rochers) C'est avec ces paroles que commence le poème Ons Heemecht (Notre Patrie). Écrit en 1859 par le poète Michel Lentz. Mis en musique par le compositeur Jean-Antoine Zinnen, il fut joué pour la première fois en public par quatre choristes lors d’un concours de fanfares à Ettelbruck en 1864.

En 1993, Ons Heemecht version officielle est composée seulement de la première et la dernière strophe. L'hymne national accompagne aujourd’hui la plupart des manifestions publiques, étatiques ou sportives. Plus qu'une simple chanson, la "Heemecht" a une importance politique, car elle symbolise, tout comme les armoiries nationales et le drapeau, le Grand-Duché du Luxembourg. L'hymne national est unique et fait partie intégrante du pays. 

A l'occasion de la célébration de l'anniversaire du Grand-duc le 23 juin, la "Heemecht" revêt un rôle particulièrement important en véhiculant un sentiment d'identité et d'appartenance profond auprès du peuple. 

Comme ce sont les musiciens qui créent le pont entre les chants et son public, nous avons voulu connaître leur attachement à notre hymne national, ainsi savoir quelle sont leurs strophes ou paroles préférées et de nous les commenter. En voici leurs réponses. 

Serge Tonnar, musicien et compositeur

"Looss viru blénken d'Fräiheetssonn,
Déi mir sou laang gesinn!"

"Permets au soleil de liberté
De luire à tout jamais."

© ed.binsfled/huot

 

"Dans cette ligne, c'est avant tout le "soleil de la liberté" qui me séduit. La liberté est le sujet de nombreuses chansons patriotiques luxembourgeoises du XIXe siècle, c'est un idéal auquel je peux encore m'identifier aujourd'hui. Contrairement aux faux patriotes d'aujourd'hui, qui veulent un clivage dans la société, il s'agit ici de cohésion à travers une grande valeur commune. Et il faut lutter chaque jour pour la liberté, même si aujourd'hui elle est menacée par d'autres dangers qu'au temps de Michel Lentz."

Claire Parsons, musicienne et compositrice

"Gesank, Gesank vu Bierg an Dall
Der Äärd, déi äis gedron;  
'Léift huet en treie Widderhall
A jidder Broschts gedon" 

"Des chants, chants, à travers monts et vallées,
A cette terre, qui nous porta.
L'amour porte un fidèle écho,
en chacun de nos coeurs vaillants."

© Lynn Theisen

 

"... extrêmement beau, parce que je suis musicienne et aussi parce que la phrase reflète le sens de la chanson dans la société. Le chant est donc là pour nous donner de l'espoir dans les bons moments comme dans les moments difficiles. Que le chant vienne de la nature ou de personnes profondément connectées à elle, on s'écoute et on s'harmonise."

Daniel Balthasar, musicien et compositeur

“De fräie Geescht”
Looss viru blénken d’Fräiheetssonn” 

"Toi L'esprit de la liberté.
Permets au soleil de liberté"

© Véronique Kolber

 

"Je ne suis pas une personne particulièrement patriotique ou religieuse. Néanmoins, les lignes "De fräie Geescht" et "Looss viru blénken d'Fräiheetssonn" ont pour moi un sens plus profond qui me parle directement. Le fait que je sois né dans un pays et à une époque où chacun peut exprimer librement ses idées sans craindre pour sa vie n'est pas quelque chose d'acquis. Notre hymne national nous le rappelle."

Sascha Ley, chanteuse, compositrice, productrice

"Wou d’Uelzecht durech d’Wisen zéit,
Duerch d’Fielsen d’Sauer brécht,
Wou d’Rief laanscht d’Musel dofteg bléit,
Den Himmel Wäin ons mecht…"

"Où l'Alzette arrose champs et prés,
La Sûre baigne les rochers;
Où la Moselle, riante et belle,
Nous fait cadeau du vin,"

© Lynn Theisen

 

"Je ne connais aucun hymne par cœur, et au lieu de penser à ‘ma’ patrie je me vois plutôt voyager le monde entier. Le monde serait ma patrie idéale. J’aime notre beau pays multiculturel, mais en tant que nomade potentielle mes pensées n'atteignent guère le sujet du nationalisme. Par conséquent, la description de la nature dans ce verset m'est chère, contemplative et totalement inoffensive." 

David Ianni, pianiste, compositeur

„O Du do uewen, dem seng Hand…“ 

"Ô Toi aux cieux qui nuit et jour
Diriges les nations du monde"

© Morris Kemp

 

"Plus je vieillis, moins je sais comment dire à qui appartient "la main" qui se trouve "là-haut". Quelle est cette force infinie, insondable? Mais toute ma vie j'ai été accompagnée par la certitude profonde que cette main me porte, me protège, me rattrape, me soulève encore et encore. Je sens que l'amour infini qui coule "à travers le monde des nations" ("duerch d'Welt d'Natioune") traverse tout si nous ouvrons nos yeux (de notre cœur). Par gratitude d'un foyer géographique naît un sentiment d'appartenance avec TOUTE la vie : nous sommes TOUS frères et sœurs sur cette petite planète." 

Ons Heemecht (original)

Wou d'Uelzecht durech d'Wisen zéit,
Duerch d'Fielsen d'Sauer brëcht.
Wou d'Rief laanscht d'Musel dofteg bléit,
Den Himmel Wäin ons mëcht.
Dat as onst Land, fir dat mir géif,
Heinidden alles won.
Ons Heemechtsland, dat mir sou déif
An onsen Hierzer dron.

O Du do uewen, deem séng Hand
Duurch d'Welt d'Natioune leet.
Behitt Du d'Lëtzebuerger Land
Vru friemem Joch a Leed!
Du hues ons all als Kanner schon
de fräie Geescht jo gin.
Looss viru blénken d'Fräiheetssonn
déi mir sou laang gesin.

Notre Patrie

Où l'Alzette arrose champs et prés,
La Sûre baigne les rochers;
Où la Moselle, riante et belle,
Nous fait cadeau du vin,
C'est notre pays pour lequel
Nous risquons tout sur terre;
Notr' chère et adorable patrie
Dont notr' âme est remplie.

Ô Toi aux cieux qui nuit et jour
Diriges les nations du monde;
Écarte du pays de Luxembourg
L'oppression étrangère.
Enfants, nous avons reçu de
Toi L'esprit de la liberté.
Permets au soleil de liberté
De luire à tout jamais.

 

(Traduction: Jean-Claude Muller)

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